Le silence peut être inconfortable en tant qu’élève. Gênant, bouleversant, peut-être même plus dur à gérer pour certains que les postures.
Du point de vue enseignant, tu penses peut-être qu’il faut toujours parler, remplir les blancs, faire en sorte de ne rien oublier.
D’ailleurs, quand on commence à enseigner, le vide du silence a tendance à faire peur n’est-ce pas ?
Pourtant, tu le sais : les bienfaits des silences en cours sont multiples : Cultivation de la gratitude, Intégration de la pratique, développement de l’intuition, amélioration de la concentration, observation de soi, réduction du stress ou en encore bien évidemment, centrage et présence.
Alors aujourd’hui, pour t’encourager et t’aider à oser introduire et guider tes futurs temps de silence, je te laisse mes 10 recommandations à noter pour préparer des temps de flottement et des savasanas cosmiques à tes élèves.
Reco n°1 : Prépare tes élèves.
Avant d’introduire le temps de silence, explique brièvement son objectif et ses bienfaits. On ne place pas un temps de silence comme ça, arrivé de nulle part et de manière abrupte. Rassure tes élèves en leur faisant comprendre qu’il s’agit d’un moment éphémère pour se recentrer et laisser infuser la pratique par exemple. Exemple en rentrant en Savasana : « à présent, je vous laisse quelques instants en silence. Je vous récupère au son du bol dans 3 minutes, rien que pour vous, et votre souffle ». Ou, autre exemple, en tailleur après une respiration lunaire par exemple : « je vous laisse ici quelques instants en silence, pour mieux écouter les ressentis du corps, du cœur et de l’esprit ».
Si tu introduis le silence en toute fin de séance : crée une atmosphère propice. Assure-toi par exemple que la salle de cours est calme et exempte de distractions. Réduis les lumières si c’est possible et/ou invite tes participants à se couvrir les yeux.
Reco n°2 : Choisis le bon moment
Introduis le temps de silence à un moment approprié de ta séance de yoga. Cela peut être après une séquence plus dynamique pour permettre aux élèves de se recentrer, ou à la fin de la séance pour favoriser la relaxation profonde. Cela peut-être à la fin d’une respiration, ou au milieu de répétitions de Salutations, afin de couper le son et les sollicitations extérieures.
Tout temps de silence doit sembler opportun, et pas un no man’s land caractéristique d’un blanc que tu ne saurais gérer par timidité, manque de vocabulaire ou mauvaise gestion de ton timing de cours.
Reco n°3 : Donne des directives claires
C’est ce que j’appelle : « donner à manger au mental ». Explique à tes élèves ce qu’ils sont invités à faire pendant cette période : rester immobiles, se concentrer sur leur respiration ou observer leurs sensations corporelles précisément à un endroit du corps.
Tu décides selon l’intention de ta séance, ton focus thématique et le temps à disposition. Mais pense toujours à clarifier le pourquoi, et éventuellement le temps que tu y alloues.
Reco n°4 : Utilise des affirmations ou des mantras
Avoir recours à des intentions en leur suggérant de se répéter mentalement des phrases telles que « Je suis calme et en paix » ou « Je suis reconnaissant pour mon corps« , ou « je suis ma propre source de joie » peut-être aidant pour rentrer dans les phases de silence.
Reco n°5 : Reste présent.e
Pendant le temps de silence, assure-toi de rester calme et centré(e) en tant que guide. Tu peux faire en sorte de maintenir le lien de ta présence en respirant un peu plus fort pour qu’ils te suivent. Tu peux circuler à pas de velours dans la salle, apposant une main délicate sur des épaules ou des chevilles pendant le Savasana.
A demi-mot derrière cela, c’est une invitation à laisser ton téléphone de côté et de résister à la tentation de regarder ce qu’il se passe du côté de tes notifs Insta ou messages 😉
Reco n°6 : Respecte le temps de silence
Tu as annoncé un timing pour ce retour au vide ? Assure-toi de t’y tenir.
Si tu annonces le timing (3 min par exemple), fais en sorte de respecter ces 3 min, au risque de les faire ruminer et s’impatienter si tu le prolongeais de trop. Aussi, pendant cette période, évite de parler ou d’interrompre le silence, à moins que ce ne soit absolument nécessaire. Respecte l’espace méditatif créé et encourage tes élèves à faire de même : à trouver leur immobilité délicate, précieuse et silencieuse.
Reco n°7 : Termine en douceur
Lorsque le temps imparti pour le silence est écoulé, guide en douceur tes élèves à revenir à leur respiration et à leur corps. Je t’encourage à avoir un instrument, type bol, ou koshi ou barre musicale « energy chime »
Reco n°8 : module le ton de ta voix
Cela te paraît peut-être naturel et trivial mais pense à toutes les fois où tu trouves le son plus fort qu’à l’accoutumée quand tu commences à sombrer dans le sommeil.
Tu as plongé tes élèves dans un état modifié de conscience par le silence et la connexion aux ressentis. Que cela se soit passé debout, assis ou allongé, cueille leur attention et leur retour avec un ton de voix modulé vers les graves.
Reco n°9 : encourage la réflexion
Si ton cours s’y prête, tu peux inviter tes élèves à réfléchir – ou même partager selon les cas – leurs expériences pendant le temps de silence, s’ils se sentent à l’aise de le faire. Cela peut aider à renforcer leur connexion à eux-mêmes et à favoriser la compréhension de l’importance de ces moments de calme. Ceci est particulièrement faisable – et apprécié – pendant des ateliers plus longs ou des retraites.
Reco n°10 : fais confiance à l’espace du silence
En tant que professeur(e) de yoga, il est essentiel de faire confiance à l’espace du silence que tu crées. Parfois, en tant qu’enseignant(e), nous pouvons être tentés de combler le silence avec des paroles ou des instructions constantes, mais il est important de se rappeler que le silence a sa propre puissance et sa propre sagesse.
En conclusion, rappelle-toi que le silence est un cadeau que tu leur offres, en leur permettant de découvrir leur propre sagesse et leur propre guidance.
Aie confiance en la capacité de tes élèves à profiter de ces moments de silence et à en retirer des bénéfices. Sois à l’aise avec le fait d’observer et de guider le silence plutôt que de remplir avec des paroles.
Au fur et à mesure que tu gagneras en confiance dans l’utilisation des temps de silence, tu que ces moments deviennent de plus en plus profonds et significatifs pour toi et tes élèves. Le silence peut être une voie puissante vers la présence, la transformation et la connexion profonde.
N’hésite pas à expérimenter et à ajuster progressivement la durée et l’intensité des temps de silence en fonction des besoins de tes élèves et de ton propre style d’enseignement.
Et si c’est un exercice délicat pour toi, observe TA propre capacité à gérer des moments de vide, de silence, de « rien à faire ». Car la façon que tu auras de proposer, introduire, respecter et guider des moments de silence est le miroir de ce que tu ressens toi-même. Commence à apprécier ce chemin si cela est un point délicat de ton enseignement. La clé est derrière cet apprentissage.
Je te laisse pour finir 3 citations sur le silence, que tu pourras utiliser dans tes prochaines séances :
- « Il y a dans le silence plus de choses qui parlent que dans les mots ». Jacques Salomé
- « Le silence est un mai qui vous ne trahit jamais ». Confucius
- « Le silence est le plus grand des arts, il n’est pas seulement la clé de toute chose, mais aussi le cœur de toute chose ». Rumi